Accueil » Maladies » Maladie de Parkinson » La pompe à apomorphine
L’apomorphine est une molécule de synthèse très proche de la dopamine. Son intérêt majeur est la possibilité de l’injecter en sous-cutané avec une résorption complète et rapide. Elle parvient ainsi au cerveau en moins de 10 minutes et contrôle en un délai très court les symptômes parkinsoniens.
Dans les formes très évoluées de maladie de Parkinson, son utilisation en injection continue à l’aide d’une mini-pompe, sur le même modèle que les pompes à insuline pour équilibrer parfaitement le diabète, permet de stabiliser l’état moteur. C’est le principe de la stimulation dopaminergique continue.
Cinétique des fluctuations motrice
Fig.1 : Dopamine et Apomorphine
La Bretagne est la région leader en France pour le développement de cette technique. L’équipe rennaise est un centre de formation pour les équipes neurologiques françaises qui souhaitent l’utiliser. Elle assure une aide permanente à la prescription pour ces équipes grâce à une ligne téléphonique dédiée.
L’indication peut être posée chez le patient fluctuant, lorsque les phases « off » sont prolongées, que les effets « on-off » sont très fréquents (nécessitant par exemple plus de 5 injections d’apomorphine par jour) ou que les phases de dyskinésies sont prolongées.
Fig.2 : Cinétique des fluctuations motrice
En dehors d’une détérioration cognitive sévère et de symptômes psychotiques, il n’y a pas de réelles contre-indications à la pompe à apomorphine, en particulier l’âge n’est pas une limitation, ce qui fait de cette technique une alternative de choix en cas de contre-indication à la stimulation cérébrale profonde.
La pompe à apomorphine délivre en permanence en sous-cutané un débit de base auquel peut s’ajouter, en appuyant sur une touche prévue à cet effet, une quantité supplémentaire d’apomorphine (bolus) en cas de blocage, une injection d’apomorphine avec un stylo pouvant également être envisagée notamment le matin avant la mise en route de la pompe. Habituellement la pompe est branchée le matin au lever et retirée le soir au coucher. Certains patients peuvent en bénéficier sur l’ensemble du nycthémère du fait par exemple d’une akinésie nocturne sévère. Il est alors nécessaire de réduire le débit pendant la nuit.
La dimension moyenne des pompes disponibles est de 9 x 5 x 3 cm, et le poids de 115 à 180 g selon qu’elles fonctionnent avec batterie ou pile.
Fig.3 : Pompe
En pratique, le plus souvent une infirmière ou une personne de l’entourage met en place la pompe, rarement le patient lui-même. Les techniques de pose et de retrait sont simples et rapides. En cas de difficultés, il est toujours possible de faire appel à une des sociétés de service disponibles, qui intervient à domicile 7 jours sur 7. Les sites d’injection sont les bras (partie externe), les cuisses (partie externe), l’abdomen et le haut du dos. Il est conseillé de changer régulièrement de site d’injection afin d’éviter la formation de nodules sous-cutanés et de favoriser la résorption sous-cutanée. Pour les mêmes raisons, la dilution de l’apomorphine est au ½ dans du sérum physiologique. La pompe est portée soit en bandoulière soit en ceinture abdominale, reliée par une fine tubulure à une aiguille sous-cutanée mise en place pour la journée.
Fig.4 : Pompe en bandoulière
La première mise en place de la pompe à apomorphine a toujours lieu au cours d’une hospitalisation d’environ 10 jours, délai indispensable pour adapter le débit de la pompe à l’état moteur du patient, informer le patient et son entourage sur l’apomorphine et ses effets indésirables, les éduquer activement aux manipulations de la pompe, enfin préparer le retour à domicile en collaboration avec l’infirmière la plus proche et les sociétés de service qui livrent le matériel à domicile, renforcent l’autonomie du patient et de son entourage dans la gestion de la pompe, et assurent une assistance 24 heures sur 24.
La mise en route est progressive en commençant par 1 mg par heure le premier jour. Le débit moyen est de 3 mg par heure, avec des bolus de 3 à 4 mg. Des débits plus élevés sont parfois nécessaires et seront adaptés en fonction de l’efficacité et de la tolérance.
Les effets indésirables les plus fréquents sont les nodules sous-cutanés. Ils ne sont pas douloureux, mais empêchent une bonne diffusion de l’apomorphine. Pour les éviter, il faut changer souvent de sites d’injection voire pratiquer une dilution supérieure (⅓ ou ¼). Les sites d’injection sont massés avec une pommade anti-inflammatoire à chaque retrait de la pompe. Les nausées-vomissements et l’hypotension orthostatique sont prévenus par la prise de dompéridone (Motilium®), systématique avant le débuter l’apomorphine, maintenu ensuite pendant plusieurs semaines. Le risque d’émergence d’hallucinations n’est pas supérieur sous apomorphine que sous dopathérapie, contrairement à ce qui est observé avec les autres agonistes. Une hypersexualité peut être induite, en particulier sous de faibles débits. Les fonctions supérieures ne sont pas altérées par l’utilisation de la pompe.
Une fois les précautions évoquées plus haut prises, le bénéfice thérapeutique de l’utilisation de la pompe à apomorphine est très substantiel, l’impression clinique globale d’amélioration se situe entre 50 et 70 %, tant d’après le patient que d’après son entourage. Les périodes de blocage sont nettement améliorées, tant en durée qu’en sévérité. Les dyskinésies diminuent progressivement au fil des mois, traduisant probablement une désensibilisation progressive des récepteurs striataux grâce à la stimulation dopaminergique continue.
Les traitements anti-parkinsoniens oraux sont réduits (la diminution de la dopathérapie est privilégiée afin de « lisser » l’effet thérapeutique sur la journée, et de réduire au minimum la stimulation phasique striatale), rarement suspendus.
L’autonomie est nettement améliorée dans la vie quotidienne, le patient pouvant se déplacer et pratiquer toute activité (hormis la baignade). Les voyages, y compris à l’étranger, sont possibles lorsque l’autonomie pour la pose et le retrait est acquise. Le bénéfice se maintient par ailleurs plusieurs années. Lorsque la mise en place d’une stimulation cérébrale profonde est programmée, l’attente peut s’effectuer grâce à la pompe dans des conditions de confort bien supérieures à ce qu’apporte le traitement per os classique.
Carte de développement de la pompe à apomorphine en France
Pour en savoir plus :
Téléchargez en PDF : La pompe à apomorphine en quelques chiffres
Un ouvrage spécialisé : Vérin M, Defebvre L. (Editeurs). La maladie de Parkinson. Monographie, Elsevier-Masson – 2ème édition, Paris, 2011. Chapitre « Stratégie médicamenteuse antiparkinsonienne »
Une vidéo tournée avec l’équipe du Professeur Marc Vérin dans le service de neurologie du CHU Pontchaillou