L’épilepsie est un trouble neurologique qui affecte 65 millions de personnes dans le monde. Les traitements pharmacologiques ou les interventions chirurgicales sont inefficaces dans un tiers des cas, ce qui représente 19 millions de personnes. Des découvertes récentes indiquent que la stimulation cérébrale par un courant électrique transcrânien est sans danger. Une telle stimulation induit des champs électriques très faibles au niveau du cerveau. Hors, les neurones qui composent notre cerveau, sont des cellules à membrane excitable sensibles à ces petites perturbations.
Pourrait-on contrôler les crises d’épilepsie à partir de champs électriques de très faible intensité ?
Cette question scientifique est au coeur du projet de recherche GALVANI «Controlling epileptic brain networks with computationally optimized weak electric fields », qui fait partie des lauréats du prestigieux appel à projets ERC-Synergy 2019 lancé par la commission européenne. Cette année, 37 projets ont été retenus, sur les 288 projets soumis, au niveau Européen.
Le projet GALVANI propose d’utiliser les principes bio-électriques afin de réduire l’hyperexcitabilité pathologique des réseaux neuronaux qui déclenchent les crises. C’est une approche nouvelle et difficile car les mécanismes d’action des champs électriques faibles sur les neurones sont encore méconnus, tout comme leurs effets à court et à long terme. De nouveaux protocoles de stimulation non-invasifs doivent être inventés. L’objectif est de résoudre un problème fondamental: cibler et contrôler efficacement les réseaux cérébraux épileptiques grâce à l’effet neuromodulateur de champs électriques faibles induits par des électrodes positionnées sur la tête.
Le projet est à l’interface des bio-mathématiques, de la bio-physique et de la neurologie. Il est porté par trois investigateurs principaux : Fabrice Wendling, Directeur de recherche (LTSI, Inserm-Université de Rennes 1), Fabrice Bartolomei, Professeur de Neurologie (INS, Université d’Aix-Marseille, AP-HM, Hopital de la Timone) et Giulio Ruffini, CEO de la Société Neuroelectrics (Barcelone). C’est le LTSI qui coordonne ce projet. La durée est de 6 ans (2020-26). La subvention est de 10 Millions d’euros pour les 3 partenaires.
C’est une excellente nouvelle pour le LTSI, l’Université de Rennes 1, l’Inserm et la Région Bretagne (c’est la première fois qu’un projet breton est retenu dans l’appel ERC-Synergy). C’est aussi une excellente nouvelle pour la recherche sur l’épilepsie, l’objectif étant d’inventer de nouvelles solutions thérapeutiques personnalisées pour les nombreux patients pharmaco-résistants non opérables.
À terme, le projet pourrait transformer la prise en charge de ces patients pour lesquels il n’existe pas de solution efficace pour réduire les crises, souvent très invalidantes.